mardi 22 janvier 2019

VIET NAM – « DEH SEDANG »



Encore un timbres qui m’a demandé des recherches, mais l’histoire en vaut la peine.
Ce timbre provenait du royaume des Sedangs (une des 53 ethnies minoritaires du Viêt Nam), royaume éphémère fondé en 1888 par l’aventurier français Marie-Charles de Mayrena (Auguste-Jean-Baptiste-Marie-Charles David), en Indochine française, dans l’arrière-pays de l'Annam.


Créateur de ce royaume, ce Bob Morane en herbe, s'installa à 150 kilomètres au sud de Hué et se proclama, sans fioriture, Marie Ier, roi des Sedangs.
Comment cela se produisit ?
Eh bien, M. de Mayrena, ancien soldat de Cochinchine (sud du Vietnam actuel) en 1863-1867, débarqua en 1888 à
Qui Nhon, située au sud de l'Annam.
Ayant été chargé d'explorer les hauts plateaux occidentaux de la région et d'y contacter les missionnaires français en position à l'époque, il devait également inciter les autochtones à choisir la baguette française plutôt que le schnaps allemand, apporté par d'autres missionnaires.
Parmi les indigènes, se trouvaient une tribu : les fameux Sedangs !
Ayant son idée en tête, de Mayrena adopta une attitude pour le moins ambigüe : convaincre les Sedangs qu'avec ses quelques hommes, il voulait les protéger de la colonisation française mais, dans le même temps, assurer les missionnaires et le gouverneur français que son charisme permettra d'amadouer suffisamment les Sedangs avant de les "confier" à la France.
Bercé d'ambition, il se proclama le roi des Sedangs, se faisant désormais appeler par ses sujets Marie 1er.
Comme un véritable souverain, il créa son propre blason, battit la monnaie de son royaume et émit des timbres, libellés "Deh Sedang, une série en lithographie à Shangaï et une autre l'année suivante en 1889 à Paris.
Malgré leur qualité assez faible (surtout pour la première série), les timbres du royaume de Sedang allaient s'arracher à prix élevé, passant par les mains de diplomates, d'administrations postales et de philatélistes européens.
Il passe commande à un tailleur de Hanoï de 1 000 costumes pour les soldats de son armée. Il nomme Premier ministre un de ses compagnons du nom de Mercural qui reçoit le titre de marquis de Henonï.  
Démasqué par l'explorateur Pavie, Marie Ier se retira d'abord à Hong Kong, où il joua au souverain, écrivant à son "cousin" le président de la République française. Venu en Belgique, il conféra le titre de duc et de "Séphyr" à un financier qu'il dupa. Il fut marié plusieurs fois.
Il finit par mourir sans gloire à Singapour.
Jamais reconnu par la France (et pour cause !), ce royaume s'éteignit avec son fondateur.

Quel est l'intérêt de ces timbres ?

Hé bien, notamment ceux de 1888 sont rarissimes (rappelons que le royaume de Sedang ne dura que 2 ans ! et de plus, les philatélistes ayant acquis des timbres de ce pays les détruiront, avec la fin du royaume).
Par ailleurs, les timbres oblitérés le sont par complaisance, certains étant même porteurs d'une marque parisienne !
Quelques lettres furent affranchies avec ces timbres...
Finalement, c'est dingue, cette histoire des Sedangs, non ?

J’en ai trouvés en vente sur eBay entre 5 et 15 $ suivant leurs états, et une série complète des 7 valeurs de cette émission  s'est vendue, le 10 avril dernier, un peu plus de 220 euros.


lundi 7 janvier 2019

La Poste … au paradis !



Pour souhaiter l’anniversaire de son père disparu, Jase, 7 ans, a posté une lettre avec comme adresse … le paradis.
Le petit Écossais a reçu une réponse touchante de la part d’un postier, qui lui assure que son courrier est arrivé à destination.
Le service postal britannique a fait une belle surprise
à un petit garçon. Jase, 7 ans, a envoyé il y a quelques semaines une carte d’anniversaire à son père décédé. Il l’a adressée « au paradis ». Il a inscrit sur l’enveloppe ce message : « M. le postier, pouvez-vous emporter ça au paradis pour l’anniversaire de mon père ? Merci. »
Mercredi 28 novembre, le garçonnet a reçu une réponse d’un postier de la Royal Mail à son domicile à Blackburn, en Écosse. La lettre, publiée sur Facebook par la mère de Jase, Teri Copland, a été écrite par un dénommé Sean Milligan : « Je voulais juste profiter de l’occasion pour vous contacter et vous expliquer comment nous avons réussi à livrer votre lettre à votre père au paradis. Ce fut un défi d’éviter les étoiles et autres objets galactiques sur la route du paradis. »
Heureusement, le postier a accompli sa mission : « Soyez assuré que votre courrier particulièrement important a été livré. […] Je sais combien votre courrier est important pour vous. Je continuerai à faire tout ce que je peux pour assurer la livraison au paradis en toute sécurité. »
Teri Copland, a été particulièrement émue par ce geste. Dans son post, partagé plus de 250 000 fois, elle remercie chaleureusement la Royal Mail pour son fils : « Je ne peux pas dire à quel point il est ému de savoir que son père a reçu sa carte…. Vous n’aviez pas à faire cet effort, vous auriez pu l’ignorer… Mais ce que vous avez fait pour un petit garçon que vous n’avez jamais rencontré est tellement beau ! » D’après sa mère, interviewée par Edinburghlive, Jase veut maintenant devenir postier car « ils doivent traverser des endroits très dangereux pour livrer le courrier ».

Publié le 7 décembre 2018 par Sylvain : https://philapostelbretagne.wordpress.com/



mercredi 2 janvier 2019

Espagne - Charles Lindbergh & l’expo Ibero-Américaine de Séville de 1929




J’ai trouvé ce timbre espagnol, de l’aviateur mexicain Paul Sidar, qui tentait avec un passager le vol direct Mexico-Buenos-Aires.
Il a été émis lors de la clôture de l’exposition Ibero-Américaine organisée à Séville, en Espagne, du 9 mai 1929 au 21 juin 1930.
En le recherchant sur le net plus d'infos, j’ai découvert un article de Bob Ingraham de juin 2014, qui se pose la question pourquoi un chat sur le timbre de 1 pesetas dans la série de neuf. Yvert PA 75 à 83.
Cet article m’a amusé et est, de plus, fort instructif.  

En voici la traduction.      Bob Ingraham  10 juin 2014

               Un casse-tête de Charles Lindbergh - Que fait là ce putain de chat ?

Presque tout le monde connaît l'histoire de Charles Lindbergh et de son vol solo de 1927 à travers l'Atlantique, de New York à Paris, dans un monoplan Ryan spécialement conçu, le Spirit of St. Louis.
Lindbergh était en lice pour le prix Orteig de 25 000 dollars, offert en 1919 par le propriétaire d’un hôtel new-yorkais, Raymond Orteig, au premier aviateur allié volant sans escale de New York à Paris ou vice-versa. À la fin de son vol, Lindbergh, surnommé le «Lone Eagle», devint l'aviateur le plus célèbre du monde et le Spirit of St. Louis, l'avion le plus célèbre.
Une carte postale de Spirit of St. Louis tel qu’il apparaît dans la Smithsonian Institution en 1949.

Je m'intéresse à Lindbergh depuis 1949, lorsque ma famille a visité la Smithsonian Institution à Washington. Le Spirit of St. Louis, lui - même, était l'une des rares choses dont je me souvenais de ce voyage.
souvenais de ce voyage.
De nombreux pays ont émis des timbres commémorant le vol de Lindbergh. L'un de ces timbres est un timbre espagnol poste aérienne d'un peso, émis le 30 septembre 1930 à Séville.
Notez que la gravure du timbre inclut un chat dans le coin inférieur droit.

Ces timbres espagnols ont vu le jour en tant que vignettes privée pour l'exposition, la poste espagnole a accepté d'en vendre une certaine quantité pendant trois jours.
Un chat ? Pourquoi un chat regarde-t-il le Spirit of St. Louis?
Voici donc une énigme philatélique: pourquoi,  un chat fait-il partie du dessin du timbre.
Les objets Lindbergh que j'avais rassemblés précédemment n'incluaient pas de chats et rien de ce que j'avais lu ne mentionnait Lindbergh en rapport avec un chat.
Eh bien, je n'avais tout simplement pas assez lu!
Charles Lindbergh avait un chaton, nommé Patsy, qui aurait accompagné lors des vols d'essai de son nouveau monoplan, le Spirit of St. Louis. Après son vol New York - Paris, on lui a demandé pourquoi il n’avait pas emmené Patsy avec lui à Paris. Sa réponse: "C'est trop dangereux de risquer la vie du chat."
Moins d'un mois après le vol de Lindbergh du 20 au 21 mai, le service postal américain a émis ce timbre commémoratif représentant le Spirit of St. Louis superposé sur une carte de l'océan Atlantique montrant son trajet de New York à Paris. 
Lindbergh avait raison, bien sûr. Moins de deux semaines avant son vol de 33h30, deux aviateurs français, Charles Nungesser et François Coli, ont tenté de traverser l'Atlantique de Paris aux États-Unis dans un biplan Levasseur PL-8, L'Oiseau Blanc - mais ils ont été perdus.
Quatre autres aviateurs célèbres avaient déjà perdu la vie à la recherche du prix Orteig lorsque Lindbergh et le Spirit of St. Louis décollèrent de Roosevelt Field à New York après sa tentative réussie au petit matin du vendredi 20 mai 1927. .
Engourdi par une lourde charge d'essence et gêné par une piste boueuse et détrempée, «The Spirit» a lentement pris de la vitesse alors qu'il effectuait son décollage à 7h52 du matin, dégageant à peine les lignes téléphoniques à l'extrémité du champ. Au cours des 33 heures et demie qui suivirent, Lindbergh et le Spirit of St. Louis survolèrent les nuages ​​d'orage à 3 000 mètres et les sommets des vagues à seulement trois mètres d'altitude. Ils ont combattu le givrage, ils ont traversé le brouillard pendant plusieurs heures à l’aveugle. Ils ne naviguaient qu’à travers les étoiles (chaque fois qu’elles étaient visibles) et au juger avant de se poser à l’aéroport du Bourget à Paris à 21h22 le samedi 21 mai.
Des milliers de timbres commémorant le vol de Charles Lindbergh ont été émis par de nombreux pays. Parmi eux se trouve ce bloc-feuillet émis en 1977 par Samoa et Sisifo (l’État indépendant du Samoa), anciennement le Samoa occidental. Lindbergh a apparemment joué un rôle déterminant dans la sensibilisation à la nécessité de préserver la faune et la flore sauvages sur l’île de Ta'u, remportant le titre Samoan de Tuiaana-Tama-a-le-Lagi, «un fils du paradis».
Maintenant, à propos de ce chat… 

Lindbergh a effectivement emmené un chat avec lui.
C'était une poupée - une chance, un charme, certainement - basé sur le personnage de dessin animé populaire, Félix le chat.
Le timbre espagnol Lindbergh et d'autres du même jeu ont été imprimés à titre privé et utilisés comme affranchissement pendant trois jours seulement. Les propriétaires des plaques d’impression ont apparemment créé des réimpressions de mauvaise qualité pour le commerce des paquets de timbres.
Les réimpressions comprennent un nombre ahurissant de «variétés», qui semblent toutes avoir été créées intentionnellement plutôt qu'accidentellement ou à la suite de modifications apportées à la conception du tampon ou aux méthodes d'impression.
L'utilisation de deux plaques d'impression (une pour la vignette de Lindbergh et une pour le reste du dessin) a facilité la création de timbres si différents des timbres originaux qu'ils n'auraient jamais passé l'inspection avant leur utilisation sur le courrier.
Le fait que deux plaques d’impression aient été utilisées, l’une pour la vignette de Lindbergh et l’autre pour le reste du dessin, pose la question suivante: le dessin original était-il destiné à être bicolore?
Il ne semble y avoir aucune autre raison d’utiliser deux plaques d’impression plutôt qu’une seule, ce qui est normal pour les dessinss monochromes.

Les timbres réimprimés ont tous des impressions floues et ont été imprimés sur du papier jaunâtre.
Ils représentent environ 10% des émissions originales et incluent ces variétés: 

En haut à gauche, le timbre postal : l’original de Lindbergh en vert émeraude; en haut à droite, un exemple de réimpression vert terne. 

• Vignette manquante de Lindbergh
• Vignette de Lindbergh inversée
• vignette Lindbergh imprimée deux fois
• vignette de Lindbergh mal centrée dans l’ovale
L'illustration ci-dessous compare le timbre vert vif d'origine à divers exemples de tirés à part en vert terne de certaines de ces variétés:

A gauche: réimpression avec vignette manquante de Lindbergh; au centre, deux vignettes (une inversée) et un frottis d'encre; à droite, une vignette inversée superposée à l'image de Patsy.