Timbres des Indes Anglaises représentant
La Malle de Indes (YT n° 151 /
1937-41) |
Tout empire se doit de posséder un moyen de transport rapide et efficace. De cette
efficacité peut en temps de conflits dépendre
la victoire ou la défaite. L’empire Inca possédait un réseau couvrant
des milliers de kilomètres qui étaient parcourus par des messagers apportant des informations et des ordres de
la part de l’Inca dans les coins les plus reculés de l’empire. Ces messagers se
relayaient et faisaient parvenir le courrier dans un temps record.
Au 18e siècle l’Angleterre était présente dans le monde
entier et notamment aux Indes. Elle se devait également de disposer d’une bonne
organisation capable d’atteindre les endroits les plus reculés de son empire.
L’on se mit à construire, pour les Indes, des navires
puissants et rapides. Le trajet le plus
court par mer devait transiter par le Cap de Bonne Espérance et durait plus de
trois mois .Jusqu’en 1820, tout bateau en partance pour les Indes était
autorisé à emporter le courrier. Mais à partir de cette année 1820, seule la
poste britannique est habilitée à transporter le courrier jusqu’à sa
destination finale et devait obligatoirement emprunter la Malle des Indes. La mission
ainsi confiée consistait à faire
parvenir le courrier aux destinataires le plus rapidement possible.
Toutefois, les délais furent considérés comme trop longs et
l’on se mit à songer au début du 19e siècle à d’autres
trajets : par exemple en bateau de Londres jusqu’à Alexandrie ;
ensuite traverser le désert jusqu’à la
mer Rouge et poursuivre à nouveau en bateau jusqu’à Bombay. De nombreux autres trajets furent essayés en
vue de gagner du temps comme par exemple traverser l’Iraq et continuer la route
via le Golfe Persique jusqu’à Bombay.
C’est finalement avec l’apparition des trains vers 1850 et
plus tard l’ouverture du canal de Suez que le temps de parcours sera
sensiblement réduit.Au départ de Londres le courrier prit la direction de
Calais et ensuite Brindisi qu’il
atteignit en moins de 48 heures pour être ensuite embarqué sur un bateau,
direction Bombay via le canal de Suez.
Voici une lettre (affranchie au moyen d'une bande de trois 1F SAGE type I) illustrant bien la rapidité de la Malle des Indes sur son tronçon ferroviaire (jusqu'à Brindisi): |
Le trajet en train de « la Malle des Indes sur
rails » sera modifié à plusieurs reprises compte tenu des dissensions
entre certains pays. Le 19e siècle est le siècle des intrigues ;
tous les pays d’Europe s’épient : la France, l’Angleterre, l’Autriche-Hongrie,
l’Allemagne, la Russie.On voit des espions partout.
Ce
train sera très rapidement entouré de
mystères. En effet, au départ, le train ne transporte pas de passagers.Il
est composé de wagons plombés, transportant le courrier et traversant l ’Europe, la nuit, en ayant la priorité sur tous les autres convois.
C’était suffisant pour faire naître de nombreuses histoires
vraies ou fausses : que contenaient exactement ces wagons, n’y avait-il
que du courrier, n’y avait- il pas des espions à bord qui pouvaient ainsi
voyager incognito, etc. etc…
En 1880, toutefois le train est ouvert à des voyageurs et
l’on adjoint au convoi des wagons de voyageurs .Une dizaine d’années plus tard,
le rail étant en pleine expansion, la
Malle des Indes ne transportera plus de passagers. Des trains
aménagés spécialement pour ceux-ci
commencent à sillonner toute l’Europe.
C’est le Peninsular Express qui conduira les voyageurs de
Londres - Paris à Brindisi
en 48 heures. De là, ils pouvaient continuer en bateau vers
les Indes.
Plus tard l’avion prendra le relais et abaissera encore
d’une manière sensible la durée du transport. Le premier transport de courrier
aura lieu aux Indes le 18/02/1911 par l’aviateur français Péquet.
Ce sera le major Mac Laren qui ouvrira la route vers les
Indes le 7/12/1918 toutefois sans
passagers ni courrier. Rapidement
d’autres lignes aériennes s’ouvriront vers l’Indochine et vers les Indes
Néerlandaises. En 1939, un paquebot mettra 15 jours pour atteindre Bombay,
l’avion ne mettra que 3 jours.
André
FORTON
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Sources consultées : Notice historique sur la Malle des Indes (Le Monde des Philatélistes n°453 –juin 1991)
Routes
et détours de la Malle des Indes
(Timbroscopie - janvier 1997)